Les paysages exceptionnels que l’on peut observer en Patagonie sont les témoins de cette transhumance liquide. S’immerger en elle c’est fusionner avec nous-même.
À l’état gazeux, les vapeurs d’eau poussées par les vents, toujours présents en Patagonie, forment les nuages pour se transformer en eau à l’état liquide ; alors, les pluies et les neiges laisseront place aux rivières, fleuves, cascades et lacs qui s’uniront à la mer. À l’état solide, l’eau formera des glaciers et des icebergs à la dérive.
C’est vraiment exceptionnel de pourvoir observer l’eau dans toutes ses formes et mesurer sa force, son évolution, sa pureté et tout ce qui en découle. Présente du ciel aux entrailles de la terre, depuis les nuages étirés par les vents, aux sols et racines de toutes les forêts primaires, de l’océan Pacifique à l’océan Atlantique, taillant des failles profondes de glaces, des moraines, des rivières, des fleuves, d’immenses lacs pour braver les reliefs abruptes qui se présentent face à elle. La glace compactée forme des glaciers de taille qui dépassent l’imagination et des murs de glace se jettent alors dans la mer et dans des lacs.
Si il y a un élément auquel je m’identifie, c’est bien l’eau, car elle m’apaise, me renouvelle, me métamorphose… Ma couleur préférée et de loin, c’est le bleu. Le bleu de l’eau, des profondeurs, du ciel aussi. Eau douce ou eau salée, les deux me vont, pour différentes raisons… L’eau éveille mes sens.
Se connecter
L’eau salée, la mer, c’est bien entendu la vie. Quand je suis au bord d’une plage et que je rentre dans la mer, je pense toujours à la même chose: je me dis qu’en face, très loin en face, à l’autre bout de la terre, une autre personne me fait face et avance dans la mer également. La mer unie des peuples, des terres, des paysages, des animaux, c’est un flux sacré. J’aime me le rappeler quand je m’enfonce en elle. Mettre la tête sous l’eau, c’est se connecter à un autre monde, au monde aquatique.
Écouter
Ce que j’aime beaucoup sous l’eau, c’est écouter, écouter son silence. Mais c’est un faux silence… des petits bruits, l’eau qui se déplace, susurre, bouge des coquillages, des petits éléments. C’est extraordinaire de pouvoir écouter ces sons aussi minimalistes. Écouter l’eau c’est alors me plonger dans un état hypnotique, c’est écouter mon corps aussi, les battements de mon cœur.
Observer
Le mouvement de l’eau, les vagues, le courant, les différents dégradés de couleur, de formes, l’infini dans une palette de tons bleus, c’est tout simplement beau. Observer pour chercher des formes, croire ou voir des choses, comme un doux rêve. Dans les lacs de Patagonie, j’aime nager au loin, où l’eau est transparente, où le grand bleu est sous moi. Y plonger c’est faire un voyage en apesanteur… C’est exceptionnel. Entouré de montagnes et de paysages naturels assez unique, j’aime alors observer la connexion de l’eau avec les arbres, les roches, le vent, l’air, tout y est si naturel.
Sentir
J’aime sentir cette sensation de l’eau qui m’enveloppe, sentir les bulles d’air tout le long de mon corps. Sentir l’eau qui me porte et m’emporte là où elle veut, j’aime m’y abandonner, ne faire qu’un avec elle. Nager et sentir que ma nage est comme une danse avec elle, cette eau qui me remet les idées en place, me vivifie… Cela vaut toutes les thérapies du monde. J’aime me rappeler tout le chemin que l’eau a effectué pour arriver là, là où je me trouve maintenant, en elle, dans son flux, captant son énergie.
L’eau me pousse doucement vers le bord, c’est le moment d’en sortir, grâce à elle je suis un nouvel homme…