Immortalisées dans la glace, ces trois petites momies figent un moment de l’histoire des Incas et de leurs rituels. Cette découverte archéologique a été faite à 6 739 mètres d’altitude ! au sommet du Llullaillaco, dans les Andes. Le Llullaillaco ou Llullay-Yacu est le troisième plus haut volcan actif au monde, après le Monte Pissis et Ojos del Salado.
Le volcan se trouve dans les Andes à la frontière entre l’Argentine (dans la province de Salta) et le Chili (dans la 2ème Région de Antofagasta). C’est le site archéologique le plus haut du monde.
Chez les Incas, les sacrifices d’enfants ne servaient pas seulement d’offrande aux dieux. Les petits suppliciés étaient considérés comme des ambassadeurs de l’au-delà. Parfois, les familles faisaient don de la vie de l’un de leurs enfants mais parfois, le sacrifice leur était imposé.
En un siècle d’histoire, l’Empire incas s’est étendu sur environ 4 000 kilomètres. Au moment de la conquête espagnole, en 1532, les Incas, basés à Cuzco, au Pérou, représentaient plus de 12 millions de sujets. Les sacrifices d’enfants faisaient partie du besoin d’unification. Les prêtres obtenaient des enfants de tout l’empire et récompensaient les familles par des fonctions gratifiantes ou des biens matériels.
Il ne faut pas croire que les Incas pratiquaient les sacrifices humains à tour de bras. Ils étaient plutôt rares. Les enfants étaient considérés comme plus purs que les adultes. Ceux qui étaient sacrifiés étaient honorés. Ils devenaient les représentants du peuple, vivant pour l’éternité parmi les dieux. Ils étaient déifiés comme les dieux honorés.
Les trois enfants du Llullaillaco, Un garçon et deux fillettes, ne portent aucune blessure apparente et semblent paisibles. Le garçon était âgé d’environ 8 ans. Il porte une tunique assez grande pour lui permettre de continuer à grandir après sa mort. Les sandales sont destinées à son voyage dans l’autre monde. Avec lui, les prêtres ont déposé une offrande plus prisée que l’or : un collier en coquilles de spondylus. Ces coquilles incarnaient l’eau, ressource très précieuse dans les régions arides des Andes. Le garçon a été retrouvé à 2 mètres de profondeur.
L’une des deux fillettes est une jeune fille d’environ 14 ans. Des statues et des céramiques sont disposées à ses côtés. Curieusement, une tunique d’homme couvre la partie droite du corps. De telles tuniques correspondent à un statut social élevé. Pour les archéologues, il se peut que son père ait souhaité que les vêtements utilisés lors du rituel l’accompagnent au royaume des dieux. Cette tunique était sans doute une offrande. Des morceaux de feuilles de coca sont placés sous son nez. Ces feuilles, sacrées pour les Incas, ont dû être placées après sa mort.
Les Incas plaçaient les corps et les offrandes dans des niches naturelles qu’ils creusaient jusqu’à 3 mètres de profondeur. C’est dans l’une d’elles que l’équipe a retrouvé la troisième momie qui a été frappée par la foudre à plus d’un mètre de profondeur. C’est une fillette d’environ 8 ans partiellement brûlée mais dont le visage est resté intact. La fillette sent encore la chair brûlée quand les archéologues l’exhument. A ses côtés, ont été déposés divers objets dont des statues, des poteries, des sacs emplis de nourriture et un sac de coca fabriqué avec les plumes d’un oiseau, peut-être amazonien.
Cette incroyable découverte est retracée au musée « Alta Montaña » de Salta, où les momies sont exposées.
Je vous recommande vivement d’y aller !